Il arrive aux déesses de déléguer leurs pouvoirs. Ainsi j’ai confié mon soumis Léopold aux bons soins de "maître Georges". La pensée d’adopter Georges, suite à son abandon par un couple de gais, m’avait effleurée un temps, mais lors de notre entrevue, Georges a joué cartes sur table : il a miaulé « regarde comme je suis beau, grand et fort », puis il m’a présenter son cul. Un chat dominant… et gay. Non, Georges ! Je n’ai pas de gode à ta taille ! Et je ne vais pas souiller mes stylos en les glissant entre tes fesses à longueur de journée pour te satisfaire !
Avec mon brave Léopold, nous avons cessé nos séances de castagne : en prenant de l'âge aller au tapis risquerait de rimer, pour lui, avec le coup du lapin. Ce fidèle soumis est avant tout un adepte de la viragophilie : il jouit des coups dont il écope en se battant contre une pratiquante d’arts martiaux et prend son pied quand il se retrouve rivé au sol par une prise de jujitsu.
Entre Georges et Léopold, ce fut le coup de foudre immédiat. Ce sacré de Birmanie (pure race comme le montre sa photo), habitué à la compagnie des hommes par ses anciens maîtres, a tout de suite senti le potentiel de ce visiteur, l'adoption - mutuelle - fut conclue sur le champ.
Et Léopold se mit à obéir à Georges, à lui ouvrir la fenêtre et les robinets - car un chat aime boire à la source et transforme les humains en portier - , à se faire disputer à son retour des courses et lorsqu’il n’a pas sa pâté préférée. De plus, Georges marche sur le clavier de l’ordinateur, modifiant les traductions qui occupent Léopold et l’obligeant à tout recommencer.
Ce grand poilu a, en outre, pris ses aises sur la table haute pendant les repas, louvoyant entre les verres et les assiettes, dans le lit aux côtés de son « maître » , et même sur lui. Le soir tous deux s’installent devant la télé. Georges adore les téléfilms, hors de question de changer de chaîne, ses miaulements deviennent féroces lorsque Léopold éteint la télé.
Ma mère a dominé tout son entourage pendant de longues années. Récemment, son mari lui a offert une chatte. Un bébé Bengale presque blanc, une chatte possessive et dominante qui gronde et ordonne à longueur de journée. Cette desposte, Nefertiti, qui porte bien son nom et vient d’avoir 3 ans, empêche ma mère de sortir de la maison à coups de griffes, et la mord à la moindre incartade. Les mollets, les avant-bras, les mains maternelles sont couverts de sparadrap et de bobos. Nefertiti s’emploie au quotidien à me venger - sans le savoir - des jeunes années passées à subir le joug de ma mère. Sa « maîtresse » est devenue sa chose. Je me dis que peut-être, en fin de compte, a-t-on l’animal que l’on mérite… et je me demande bien quel.le chat.te va m'échoir au printemps.
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